Première édition
Adieu Gary Cooper, Gallimard nrf, 1969, 256 p.
Deuxième tome de la "Comédie Américaine".La première version est anglaise et a été publié en 1965 aux Etats-Unis par Harper's Row sous le titre The Ski bum. En 1964, ce texte avait déjà été publié par le "Ladie's Home Journal".

Résumé
"Pourquoi Adieu Gary Cooper ? Parce que nous assistons aujourd'hui à la fin de cette Amérique sûre d'elle-même et de son bon droit que Gary Cooper avait incarnée avec une maîtrise tranquille pendant plus de trente-cinq ans. Adieu, héros sans peur et sans reproche, baladin des certitudes, tes fils ne te ressemblent plus.
Lenny et Jess sont pour moi les représentants typiques d'une jeunesse non point perdue mais « paumée », touchante, sympathique et souvent très drôle, qui patauge dans le no man's land spirituel et moral à la recherche d'une « nouvelle frontière » introuvable, entre quelque chose qui n'en finit pas de finir et quelque chose qui n'arrive pas à commencer. Alors que Jess et ses camarades font mine de défier le système dans lequel la nouvelle génération refuse de prendre place, Lenny, lui, choisit carrément la fuite. Son bien le plus précieux, c'est son aliénation. Sa prairie perdue et retrouvée, ce sont les pentes de neige et les pistes de ski. Tout ce qui est au-dessous de 2.000 mètres, il veut l'ignorer. Il fait des efforts pathétiques pour échapper à tous les liens et à toutes les responsabilités, mais dans leurs joutes amoureuses, jetés dans une aventure périlleuse, Lenny et Jess reprennent irrésistiblement les places que le cérémonial américain traditionnel leur a assignées, où l'argent joue un grand rôle et où la femelle tend à dominer le mâle. Cette lutte de sexes se déroule sur le fond historique des années 63-64, alors que commençait à se dessiner la grande vague de refus qui devait soulever la jeunesse du monde.
Je me suis efforcé de respecter autant que possible le « parler » de cette tribu errante, qui n'est plus celle des beatniks, des hippies, ou des yippies, et qui utilise le langage non comme moyen de communication, mais au contraire comme instrument d'aliénation délibérément recherchée." (par Romain Gary, quatrième de couverture de l'édition originale)
Extraits Choisis
"Il y a un endroit qui s'appelle la Mongolie extérieure. Extérieure, c'est ça qui me plaît là-dedans. Ca a l'air d'un truc intéressant."
"La couleur de la peau n'y était pour rien. C'était autre chose. Oui, mais quoi ? La peau tout court, probablement. On n'était pas chez soi, là-dedans."
"S'il y avait une chose à laquelle il tenait, c'était rien."
"Elle savait encore se foutre d'elle-même, ce qui était une condition indispensable de survie psychologique."
"on croit toujours qu'elles en ont lourd sur le coeur, les
mouettes, alors que ça ne veut rien dire du tout, c'est votre psychologie qui
vous fait cet effet-là. On voit partout des trucs qui n'existent pas, c'est chez
vous que ça se passe, on devient une espèce de ventriloque qui fait parler les
choses, les mouettes, le ciel, le vent, tout, quoi. Vous entendez un âne
gueuler, c'est un âne vachement heureux, mais vous vous dites bon Dieu qu'il
est triste, ça vous fend le coeur, mais c'est seulement parce que le vrai âne,
c'est vous."
Critiques de l'époque
"Should I carp that a novel so good might have been better still with not quite so many aphorisms and a bit less plot at the end ? I don't think I will carp at all. With every book it becomes clearer that Romain Gary is a deep and bitter seer who also happens to be a superb romantic poet. Better than anyone else writing today, he can beguile his audience while breaking its heart." Frederic Morton, The New York Times
Autres échos
"C'est dans Adieu Gary Cooper, par ailleurs, que tu commences à élaborer la syntaxe désopilante qui sera portée à la perfection dans les livres d'Emile Ajar, et que j'appelle l'humour hara-kiri (...). Tu envoies tes phrases cocasses les unes après les autres, elles s'élancent et puis se retournent subitement sur elles-même,plongeant un couteau dans leur propre ventre et s'étalant par terre, raides mortes. Personne ne s'est aperçu de cette syntaxe suicidaire avant qu'il ne soit trop tard." Nancy Huston, Tombeau de Romain Gary
Bibliographie
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