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Les Racines du ciel

Première édition

Les Racines du ciel Gallimard, Paris, 1956, 173 p.

Prix Goncourt 1956 et grand roman écologiste. S'il faut sauver les éléphants ; n'est ce pas aussi pour sauver l'homme ?

COMMENTAIRE


Résumé

"Un Français, Morel, entreprend en Afrique une campagne pour la dégense des éléphants, menacés de tous les côtés par les lois dites "inexorables" du progrès. Lors de la Conférence pour la Protection de la Faune (Congo, Bukavu, 1953) constate elle-même qu'"il serait vain de vouloir imposer au public le respect de la nature uniquement par les méthodes légales", Morel ne craint pas de recourir aux armes. Aidé par quelques compagnons convaincus comme lui que le respect de la nature n'est pas incompatible avec les exigences du progrès, il prend le maquis contre la barbarie et la cruauté sous toutes ses formes, cependant que de tous les côtés des conspirateurs habiles essayent d'utiliser sa magnifique obsession et son apparente naïveté à leurs propres fins. Ridiculisé ou haï, accusé de préférer les bêtes aux hommes, traité de misanthrope et de nihiliste, trahi par les uns, aidé par quelques autres, exploité par un apprenti dictateur, et par des agitateurs politiques, le "Français fou" continue envers et contre tout à défendre les éléphants au risque de sa vie. Face à la haine raciale et religieuse, à la démagogie nationaliste, Morel poursuit sa campagne pour la protection de la nature, pour le respect de ce qu'il appelle "la marge humaine", quels que soient les systèmes, les doctrines et les idéologies de rencontre. D'aventure en aventure, d'avatar en avatar, il triomphe avec une tranquille confiance de toutes les déceptions et de toutes les ruses, persuadé que les hommes sont assez généreux pour accepter de s'encombrer des éléphants dans leur difficile marche en avant, et de ne pas céder à la tentation du totalitaire sans marge, de la fin qui justifie les moyens et du rendement absolu. Et peu à peu, une complicité souriante et amicale se forme autour de celui qui "ne sait pas désespérer" et de ces géants menacés, et des volontaires de tous les pays, de toutes les races et de toutes les opinions se rangent autour de cet aventurier de l'humain." (Romain Gary, quatrième de couverture, édition de 1956.)"


Extraits Choisis

"Depuis l'aube, le chemin suivait la colline à travers un fouillis de bambous et d'herbe où le cheval et le cavalier disparaissaient parfois complètement; puis la tête du jésuite réapparaissait sous son casque blanc, avec son grand nez osseux au-dessus des lèvres viriles et ironiques et les yeux perçants qui évoquaient bien plus des horizons illimités que les pages d'un bréviaire."


"Pauvre Morel, dit-il. Il sest mis dans une situation impossible. Personne n'est jamais arrivé à résoudre cette contradiction qu'il y a à vouloir défendre quelque chose d'humain en compagnie des hommes"


"Son visage demeura aussi sévère qu'avant, mais ce qu'il me dit me frappa par sa drôlerie : - Ca doit être amusant, d'être tué à mon âge. - Ca doit être tordant, l'assurai-je."


"Et les gens se sentent tellement seuls et abandonnés, et ils ont besoin de quelque chose de costaud, qui puisse vraiment tenir le coup. Les chiens ne suffisent plus, les hommes ont besoin des éléphants. "


" (i)l faut résister contre cette dégradation de la dernière beauté de la terre et de l'idée que l'homme se fait des lieux qu'il habite. Est-ce que nous ne sommes plus capables de respecter la nature, la liberté vivante, qui n'a pas de rendement, pas d'utilité, pas d'autre objet que de se laisser entrevoir de temps en temps ? La liberté elle-même est anachronique"



Critiques de l'époque

"Un livre étrange, symbolique et vaste. L'auteur a un talent puissant, un esprit généreux. Un de nos espoirs."
André Maurois, Carrefour

"La notion de chef-d'oeuvre étant devenue très difficile à définir, j'aime mieux ne pas crier au chef-d'oeuvre à propos des Racines du ciel, le nouveau roman de Romain Gary. C'est en tout cas un livre admirable, plein de talent, d'originalité, d'épaisseur, comme je n'en ai pas eu depuis longtemps entre les mains. L'aventure, le mouvement, l'humour, la réalité, l'idéal, s'y trouvent mêlés et battus pour composer la lecture la plus excitente qui soit."
Emile Henriot, Le Monde

"Et si on donnait le Goncourt à ce sermon en images, à cette rhapsodie humanitaire, à cette histoire qui ferait les délices de Tintin, c'est que, place Gaillon, on n'a plus une conception très nette de la littérature."
Maurice Nadeau, Les Lettres Nouvelles

"J'ai voté pour Romain Gary. Je le dis avec plaisir car son roman était parmi les meilleurs."
Jean Giono, Arts

"Il n'existe pas d'ouvrage aussi lourdement incorrect dans toute l'histoire de la littérature française… » « Et si le héros des Racines du ciel fonde un comité pour la défense des éléphants, nous pensons qu'il est dès maintenant nécessaire de fonder un comité de défense de la langue française contre Romain Gary."
Kléber Haedens, Paris, Paris-Presse-L'intransigeant

"Gary gives dramatic force to just about every contemporary cast of mind and political perspective, and he does so amidst some of the most memorable landscapes in modern literature. Not the least memorable sights on display are the roots of heaven. Summing up : A major modern novel."
Newsweek

"For if an author capable of rendering an explicit sense of the miseries of the past few decades and the peril of the present could be found, there are few of us who could bear to read his book. No doubt the times are best approached by indirection, by symbol, myth, and legend. And this circuitous approach to the contemporary world nowhere appears to better advantage than in The Roots of Heaven"
Donald Malcom, The New Yorker

"What I do not assume but feel quite confident of is that The Roots of Heaven will prove the most intellectually stimulating novel of 1958. To have posed in fiction form so many of the urgent problems confronting Africa and the world with such objectivity and clarity is a truly remarkable feat."
James Stern, The New York Times

Autres échos

"Son livre est un chef-d'oeuvre. C'est une satire amère qui prouve combien le monde est peu rationnel. Les éléphants sont symboliques, tout comme la Baleine blanche. Ce qui est dramatisé c'est l'interprétation personnelle que chacun donne aux faits et la distorsion personnelle des évènements."
Anaïs Nin, hiver 1956 Journal

Bibliographie

Romain Gary et la pluralité des mondes, dirigée par Mireille Sacotte, PUF, 185 p., 2002.

Bibliographie critique généraliste


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